Entre disability studies et études sur le handicap : 40 ans d’enjeux d’accès, de traduction et d’éducation

Between disability studies and études sur le handicap: 40 years of access, translation and education issues

Dr. Patricia Bérubé, Ph.D
Independent Researcher

patriciaberube[at] hotmail [dot] com

Résumé

L’émergence des disability studies a vu le jour principalement au Canada anglais, aux États-Unis et en Angleterre pendant les années 1980. Si la Society for Disability Studies a été fondée à Maryville au Tennesse en 1982, il a fallu attendre jusqu’en 2004 avant que l’Association canadienne d’études sur le handicap (ACÉH-CDSA) ne voie le jour. Bien que cette association soit bilingue, le long laps de temps précédent sa création est représentatif d’un enjeu plus large : quarante ans après l’arrivée de ce champ d’études dans le monde anglo-saxon, force est de constater qu’il existe toujours un retard dans la littérature québécoise et franco-canadienne à cet égard. Cet article vise à encourager une prise de conscience sociale sur ces enjeux d’accès, de traduction, mais aussi d’éducation. C’est à travers mon regard de chercheure, d’activiste et de femme neurodivergente francophone québécoise que je souhaite proposer des pistes de réflexion pour problématiser l’absence de programmes de baccalauréat dans ce domaine d’études en français.

Mots-clés: Anglonormativity; disability studies; études sur le handicap; French language; linguistic minorities; disabled people; ableism; disablism; Québec; Canada

Abstract

The emergence of the discipline of disability studies primarily took place in English Canada, the United States and England during the 1980s. While the Society for Disability Studies was founded in Maryville, Tennessee in 1982, it was not until 2004 that the Canadian Disability Studies Association (CDSA-AÉCH) was founded. Despite the fact that this association is bilingual, this long lapse of time before its creation is representative of a larger issue: forty years after the arrival of this discipline in the Anglo-Saxon world, it is clear the Quebec and Franco-Canadian literature is lacking on this specific topic. This article aims to encourage social awareness of these issues of access, translation, and education. It is through my perspective as a researcher, activist and Francophone Québécoise neurodivergent woman that I wish to propose avenues of reflection to problematize the absence of bachelor's degree programs in this discipline in French.

Keywords: Anglonormativity; disability studies; études sur le handicap; French language; linguistic minorities; disabled people; ableism; disablism; Québec; Canada



Introduction

Comme d’autres francophones avant moi, et je songe ici notamment à Laurence Parent[1] ainsi qu’à Alexandre Baril[2], j’ai découvert les disability studies un peu tardivement à la suite de mon immersion dans le milieu académique ontarien anglophone. À la suite d’une maîtrise en histoire de l’art à l’Université de Montréal, j’ai pris la décision de poursuivre mon éducation en anglais en faisant un doctorat en médiations culturelles à l’Université Carleton. Depuis mes études de maîtrise, je poursuis le même objectif, soit celui de collaborer avec la communauté malvoyante et aveugle afin de cocréer des traductions tactiles puis multisensorielles de peintures connues. Cette recherche, d’abord liée au monde des musées, m’a permis d’identifier plusieurs obstacles à l’accès aux peintures par les visiteurs malvoyants. Malgré cela, je suis forcée de reconnaître que je ne possédais pas le vocabulaire requis pour théoriser et analyser l’oppression vécue par ce public au moment de rédiger mon mémoire en français. Si le fait de changer d’établissement et de langue d’enseignement au doctorat était initialement justifié par le besoin d’inscrire mes recherches dans un champ interdisciplinaire, ce n’est que récemment que j’ai réalisé à quel point mes recherches étaient en fait fondamentalement ancrées dans les études sur le handicap.

D’un point de vue académique, j’ai eu la chance d’être assignée à un cours introductif en disability studies à Carleton University à titre d’assistante en enseignement à l’automne 2020. Cette assignation a été un peu le fruit du hasard, et m’aura permis de suivre trois cours de niveau baccalauréat, qu’il s’agisse du cours d’introduction ou encore, d’un cours plus avancé intitulé Disabling Society. Grâce à cette opportunité, un monde complètement nouveau s’est ouvert à moi, me permettant de découvrir la littérature scientifique anglophone, mais aussi l’activisme et l’évolution du lexique utilisé pour décrire l’oppression vécue par les personnes handicapées ainsi que pour la dénoncer. D’un point de vue plus personnel, cette incursion au sein des disability studies aura été salvatrice à plusieurs niveaux, ceux-ci étant tous liés au diagnostic du trouble bipolaire de type 2 que j’ai reçu en 2019. Ce domaine d’études m’a fourni des outils indispensables pour accepter, comprendre et parler de ma neurodiversité publiquement. En y réfléchissant, c'est plutôt paradoxal : la découverte de ces études(majoritairement accessible en anglais) m’a initialement laissée sans voix et pourtant, je demeure sans mot pour traduire ces expressions et concepts dans ma langue maternelle. Étant fière et amoureuse de la langue française[3], ce constat m’a poussée à écrire cet article dans l’espoir de susciter un débat public sur l’importance de développer les études du handicap ainsi que d’entamer une réflexion sur le besoin de créer des programmes de baccalauréat en français au Canada.

La première section de cet article traitera des enjeux de traduction tout en réfléchissant à l’intraductibilité de certains termes. Ensuite, je me pencherai sur le rôle de la globalisation en lien avec le retard des études francophones québécoises et canadiennes sur le handicap. La troisième partie me permettra de faire un survol de la réalité académique canadienne ainsi que des enjeux propres à l’anglonormativité et ses impacts pour la minorité francophone.

Enjeux de traduction : un « isme » trop récent ?

L'acte de traduire est justifié par la nécessité de remédier à l'incompréhension d'une langue spécifique, et implique l'interprétation du contenu initial afin de produire une traduction qui ne sera jamais entièrement définitive ni aussi bonne que le texte original (De Launay 2006, 30‑31). Le philosophe et traducteur français Marc De Launay, ainsi qu'Umberto Eco (1932-2016), philosophe et sémioticien italien, ont tous deux défini la notion de traduction comme une pratique qui entraîne inévitablement la destruction de l'original (De Launay 2006, 41; Eco 2007). Or, l'acte de traduire implique que l'on comprenne suffisamment le système interne d'une langue et la structure d'un texte source donné dans cette langue pour pouvoir reproduire fidèlement des effets similaires dans un système textuel, une langue et un contexte différents (Eco 2007, 16). Souvent considérée comme une réécriture, cette action permet donner naissance au texte traduit dans une autre langue, tout en y ajoutant une valeur renouvelée dans une autre culture, mettant en lumière la dimension interculturelle associée à l'acte de traduire (Dokhtourichvili 2017).

Le contexte des études sur le handicap en français est cependant marqué par un défi de taille : que faire lorsque la traduction proposée en français n’a pas tout à fait la même connotation que le concept développé et pensé dans le monde anglophone? Un bon exemple est celui du terme ableism, qu’on traduit tantôt par « capacitisme », « handicapisme », « incapacitisme » ou encore « validisme » (Parent 2017). Pour cet article, je propose de me concentrer sur le terme « capacitisme » puisque ce dernier est plus fréquemment utilisé dans la littérature francophone québécoise ainsi que par les personnes handicapées au Québec (Parent 2017, 206). En 2013, Dominique Masson avait déjà signalé l’existence de différentes définitions du capacitisme en français, variant selon les auteur.es (Masson 2013, 115) et faisant possiblement écho à la multitude de définitions du terme ableism en anglais. À la difficulté à s’entendre sur la traduction à adopter s’ajoute donc celle de s’entendre sur une définition qui soit la plus complète possible. Dans les deux cas, ces enjeux peuvent s’expliquer de différentes manières, qu’il s’agisse de la difficulté à trouver les mots justes pour décrire une expérience si personnelle, de la nature complexe de tels concepts, ou bien du fait que la littérature anglophone demeure inaccessible aux francophones du Canada.

Dans la majeure partie des cas, ces définitions désignent le capacitisme comme un système d’oppression touchant toutes les sphères de la vie (sociale, politique, culturelle, économique, environnementale) qui mène à l’oppression, la marginalisation et l’exclusion des personnes handicapées (Masson 2013; Baril 2013; Winance 2021). Ce n’est qu’en 2020 que Yan Grenier, alors candidat au doctorat en anthropologie à l’Université Laval, et Patrick Fougeyrollas, professeur et anthropologue à cette même université, ont publié une entrée encyclopédique sur le terme « capacitisme » dans le dictionnaire francophone d’anthropologie ancré dans le contemporain. Dans ce texte, les auteurs présentent les théoricien.es clé.es qui ont développé quelques-unes des définitions les plus importantes pour les études sur le handicap. L’une des définitions retenues permet d’ailleurs de mieux saisir l’ampleur et la nature sournoise du capacitisme qui concerne tant les individus que des communautés et des institutions :

Le capacitisme concerne les attitudes et les comportements exprimés par les personnes, les communautés et les institutions autant que les environnements sociaux et physiques (Grenier et Fougeyrollas 2020).

Cette entrée encyclopédique revêt une importance particulière puisqu’elle offre un portrait exhaustif de l’évolution des définitions du terme ableism, illustrant du même coup la complexité de la tâche de traduire un tel concept en français. En d’autres mots, il pourrait s’agit d’une première tentative de traduire différentes définitions du terme ableism dans un texte en français, ce qui permet de donner accès à des pans critiques de la littérature anglophone dans ce domaine.

L’importance d’avoir accès à de telles traductions c’est qu’elles sont souvent porteuses d’un savoir caché, soit celui des connaissances liées à des modèles conceptuels du handicap développés eux-aussi en anglais. Ainsi il existe une certaine opposition entre les modèles médical et social du handicap. Bien que la conceptualisation du modèle social du handicap remonte aux années 1970 dans la littérature anglophone (Haegele et Hodge 2016), son introduction a suscité d’importants débats puisqu’il a entraîné la réévaluation des discours internationaux sur le handicap en reconnaissant que les obstacles physiques (tels que les bâtiments inaccessibles), ainsi que les comportements sociaux discriminatoires, contribuent directement à l'exclusion de certains individus au sein de la société (Müller 2017). Contrairement au modèle médical plus ancien, qui considère le handicap comme une pathologie limitant le fonctionnement de l’individu, le modèle social est basé sur une compréhension plus complexe et complète du handicap puisqu’il ne considère pas l’individu handicapé comme défectueux ou comme devant être guéri (Haegele et Hodge 2016). En effet, ce modèle considère le handicap comme le résultat de l’interaction entre la personne et les barrières mentales et environnementales qui empêchent son épanouissement (Anastasiou et Kauffman 2013).

Or, vu que le capacitisme est, par définition, un système qui est imbriqué dans toutes les facettes de la société, il importe que nous soyons conscient.es de sa nature sournoise et que nous reconnaissions qu’en tant qu’humains, nous sommes tous.tes susceptibles d’avoir des attitudes capacitistes. Une façon d’éviter de discriminer les personnes handicapées (mais aussi d’autres communautés – PANDC[4], 2SLGBTQ+, groupes linguistiques minorisés) est d’être au fait de ce qui constitue ou non des attitudes et comportements capacitistes. Comment pouvons-nous espérer comprendre, décrire et prévenir le capacitisme en l’absence d’un vocabulaire établi ? Ceci amène la question de comprendre si la langue anglaise est plus adaptée pour décrire ce système d’oppression[5], ou est-ce que cette précision linguistique n’est-elle pas au contraire le fruit de près de 40 ans de théorisation sur le sujet dans la langue de Shakespeare ?

Si la complexité de certains concepts en lien avec les disability studies constitue un défi en soi au niveau de la traduction, un autre enjeu de taille est celui de la propension à recourir à une pensée que l’on pourrait qualifier de binaire. Cette pensée binaire (binary thinking) présuppose que nous pouvons comprendre chaque notion selon des significations opposées : l'une idéalisée et valorisée et l'autre dépréciée et dévalorisée (Mason 2008; Ross et Browning 2018). Autrement dit, cette manière de penser et d’analyser façonne notre compréhension sociétale du handicap en nous amenant à dévaluer les personnes handicapées d’un côté, en opposition avec les personnes non handicapées de l’autre. Lennard J. Davis, expert de renommée internationale en disability studies, a d’ailleurs expliqué comment le « problème » de la personne handicapées est directement créé par la notion de normalité construite par la société (Davis 1997). Il est intéressant de noter que les limites de cette normalité sont définies à travers leur confrontation avec le terme concurrent d'anormalité, ce qui a pour effet de marginaliser le corps handicapé ne répondant pas à cet idéal de normalité (Goggin, Steele, et Cadwallader 2017). Par conséquent, cette pensée oppositionnelle crée un clivage entre les deux groupes dont les membres sont alors classés selon des notions de normalité ou d’anormalité, notions qui sont construites socialement. Cet enjeu touche particulièrement les questions de traduction en plus d’être au cœur des désaccords quant aux termes à utiliser et de la confusion par rapport à leur nature apparemment interchangeable : ableism, disablism, « capacitisme » et « handicapisme ».

L’arrivée des critical disability studies répond donc à un besoin de s’éloigner la pensée binaire du modèle médical (Meekosha et Shuttleworth 2009) qui associe l’idée qu’une personne handicapée est de valeur moindre parce qu’elle ne contribue pas à la société. D’ailleurs, je pense qu’il serait aussi important d’insister sur le fait que le capacitisme est étroitement lié au capitalisme, un système qui nous classe selon une échelle basée sur les aptitudes physiques et mentales en fonction des logiques et des valeurs capitalistes de productivité.

40 ans à rattraper en français… mais aussi dans d’autres langues

Le retard de la littérature québécoise et franco-canadienne par rapport aux disability studies peut s’expliquer par un problème qui touche d’autres communautés linguistiques minorisées. En effet, le fait que la traduction de tous les livres à l'échelle planétaire soit dominée par une vingtaine de langues, principalement européennes, est très symptomatique des travers de la mondialisation. Ce processus contribue à mettre en danger 6000 des 7000 langues existantes dans le monde (Brisset 2017, 267‑72). Or, depuis les années 1980, de telles préoccupations coïncident avec le tournant culturel des sciences de la traduction, marqué par le passage à une approche descriptive qui reconnaît les traductions comme des « documents qui existent matériellement et qui bougent, qui s’ajoutent à notre réserve de connaissances et qui contribuent à des changements continus dans l’esthétique » (Sherry 2006, 7). À la récente reconnaissance de la nature fluide des traductions s’ajoutent le rôle et l’impact de leur circulation, ce qui en retour a poussé certain.es traducteurs.trices à reconnaître la portée sociale de leur pratique (Wolf 2010) et la dimension politique de la réception de leur travail dans d’autres régions du monde (Brems et Ramos Pinto 2013, 142).

La recherche universitaire n'échappe malheureusement pas à cette logique de mondialisation. À la suite de l’apparition des disability studies dans les années 1980, ce champ d’études s’est considérablement développé jusqu’à se fragmenter en différents sous-champs de recherche. Les plus connus pourraient être classés dans deux catégories, la première rassemblant les disciplines connexes ou parallèles, et la seconde celles issues des critical disability studies. Tel qu’illustré dans la Figure 1 ci-dessous, la première catégorie comprend les mad studies (études sur la folie), les black disability studies (études noires sur le handicap) et les feminist disability studies (études féministes du handicap). La seconde catégorie est quant à elle le fruit des critical disability studies (études critiques sur le handicap), une branche qui accompagne la « réévaluation sociale, politique et intellectuelle des modèles utilisés pour comprendre l’expérience vécue par les personnes handicapées et les voies potentielles de changement social, politique et économique » (Meekosha et Shuttleworth 2009, 49). Sous ces études critiques sur le handicap, on retrouve les crip studies (études crip), les critical studies of ableism (études critiques du capacitisme), les global south disability studies (études sur le handicap dans le contexte du Sud global) et les dis/ability studies (études sur les in/capacités). Des catégories parallèles pourraient venir se greffer à cette carte conceptuelle et je pense ici notamment aux études foulcadiennes (gouvernementality) sur le handicap (Tremain 2015), ou encore aux approches philosophiques postcoloniales (Hall 2019).

Figure 1

Carte conceptuelle des principales sous-disciplines issues des disability studies et développées en anglais Cette figure regroupe les principales sous-disciplines provenant des disability studies et ayant été développées en anglais. Les deux disciplines principales sont celles des disability studies et des critical disability studies.


De ses sous-disciplines développées en anglais dans les dernières années, on retrouve de rares articles et livres en français se concentrant sur les sous-champs suivants : les études de la folie (Thorneycroft 2021), les études féministes du handicap et des incapacités (Masson 2013; Brasseur 2016), les représentations sociales et culturelles du handicap en Afrique noire (Menick 2015; Hidair-Krivsky et Lalaurette 2020; Peysson-Zeiss 2021) ainsi que sur les études critiques sur le handicap (Tabin et Perrin 2019). Ainsi, si les quatre sous-champs d’études principales des disability studies trouvent écho dans la littérature scientifique rédigée en français, il n’en va pas de même pour les quatre sous-champs des études critiques sur le handicap qui demeurent presque exclusivement[6] abordées en anglais. Il suffit par exemple de penser au fait que la recherche ainsi que la littérature francophone ne font que rarement référence au corps de littérature anglophone traitant des critical disability studies (Thompson 2017, 245). Cela n’empêche pourtant pas certain.es chercheur.es francophones de commencer à traiter de la théorie crip, ou quelques théoriciens anglophones à donner accès à des traductions intégrales de leurs articles en français. Prenons l’exemple du maître de conférences et chercheur à l’Université Western Sydney, Ryan Thorneycroft, dont l’article Crip Theory and Mad Studies: Intersections and Points of Departure a été publié en 2020 dans le Canadian Journal of Disability Studies. En décembre 2021, une traduction a été publiée en français sous le titre de Théorie crip et études de la folie: intersections et points de départ, toujours dans le même journal. Or, considérant le retard de la littérature francophone dans ce domaine d’études, cette traduction est particulièrement importante pour les jeunes chercheur.es qui mènent des travaux en français ou pour ceux qui pourraient découvrir ce domaine par le biais de cet article rendu accessible dans leur langue maternelle.

Figure 2

Liste des modèles du handicap développés en anglais versus en français*

Cette figure représente les différents modèles du handicap développés en anglais et présente une comparaison avec ceux conçus en français. Les modèles présents dans les deux langues sont identifiés à l’aide d’une flèche.
*Cette liste n’est pas exhaustive et comprend les modèles les plus connus en date de mai 2022 (Ravaud 1999; Albrecht, Ravaud, et Stiker 2001; Barral 2007; Fougeyrollas, Boucher, et Charrier 2016; Waldschmidt 2019; Rannou 2021).


Parallèlement à l’émergence de plusieurs sous-disciplines, on observe aussi la théorisation d’un grand nombre de modèles conceptuels du handicap (voir Fig. 2 ci-dessus). Bien que cette liste ne soit pas exhaustive, il est intéressant de noter qu’au-delà des trois modèles qui se ressemblent dans les deux langues (médical, social et culturel) il y a une discordance entre les modèles disponibles uniquement en anglais versus ceux en français. L’objectif de cet article n’est pas de comparer chacun de ces modèles en détails, ni de sous-entendre que les modèles développés en anglais sont supérieurs aux modèles francophones[7]. Au contraire, j’estime que l’important est que l’information soit accessible dans les deux langues, ce qui impliquerait également de produire des textes en anglais afin d’expliquer le contexte et la portée des modèles conceptualisés en français. Or, le sous-financement de la recherche dans ce domaine fait en sorte qu’il est difficile pour les auteurs et autrices de traduire leurs textes et de se faire connaître hors de la sphère francophone. Ce partage de connaissance est également complexifié par le fait qu’il existe peu de revues bilingues spécialisées (et révisées par les pairs) dans ce domaine : ALTER[8], la Revue européenne de recherche sur le handicap a été créée en 2007 (Thompson 2017) à Paris alors qu’au Canada, la Revue canadienne sur les études du handicap[9] (aussi traduite sous le nom de Revue canadienne des études sur l’incapacité par Thompson) a publié son premier numéro en 2012. Du côté du Québec, on retrouve Aequitas, revue de développement humain, handicap et changement social, celle-ci étant aussi bilingue et dont les articles s’inscrivent dans les études du handicap. Au Canada, ce bilinguisme s’étend aussi à l’Association canadienne des études sur le handicap[10] (ACÉH) créée en 2004 et auparavant connue sous le nom de l’Association canadienne des études sur l’incapacité (Parent 2017). Celle-ci organise depuis un Colloque annuel sur les études sur le handicap en plus d’avoir lancé un concours de communications étudiantes en 2014. Ce concours vise à reconnaître les écrits ainsi que l’engagement exceptionnels d’étudiant.es en lien avec le domaine émergent des études sur le handicap. Or, malgré la diffusion d’appels à participation et la visibilité grandissante de cette association, il est un peu inquiétant de constater que les prix décernés entre 2014 et 2019 ont tous été attribués à des textes anglais. Comme il est impossible de savoir si, ou combien, de textes ont été soumis en français, cela m’amène à conclure que ce retard de la littérature est dû à la quasi-absence de formation académique en français dans le domaine, ce qui a un impact négatif sur la relève.

Défis pour le milieu académique : la minorité francophone laissée pour compte

Six ans après la publication de l’article de Laurence Parent (2017) dans lequel elle dénonce le retard de la littérature québécoise et franco-canadienne en études sur le handicap, force est de constater que la situation ne s’est guère améliorée. En effet, le fait que le milieu académique soit marqué par la sous-théorisation et la méconnaissance de l’oppression vécue par des personnes handicapées dans un contexte francophone (Parent 2017) peut également s’expliquer par une raison connexe : celle d’un important manque d’accès à des programmes universitaires francophones dans ce domaine. Dans un article publié en 2001 s’intitulant « L’émergence des disability studies : état des lieux et perspectives », Albrecht et al. observaient que certains départements universitaires et programmes commençaient alors à offrir des diplômes et formations en disability studies, sans toutefois préciser dans quelle langue (Albrecht, Ravaud, et Stiker 2001, 66). Selon eux, le succès de ce jeune champ d’études dépend, entre autres, des capacités d’ouverture des universitaires et chercheur.es la pratiquant tant au niveau théorique que pratique (Albrecht, Ravaud, et Stiker 2001, 67). Au-delà de leur capacité d’ouverture, il faut préciser que la question de la légitimité des personnes menant des recherches ou enseignant les études sur le handicap demeure controversée. Cette question cherche à déterminer qui est habilité à enseigner dans ce domaine et oppose, d’un côté, les personnes alliées ou défenseures des droits humains mais sans expérience personnelle de vie avec un handicap, et de l’autre, les activistes et personnes handicapées (Albrecht, Ravaud, et Stiker 2001, 63). De surcroît, comme c’est le cas pour la littérature et les programmes francophones, la relative rareté du militantisme pour le droit des personnes handicapées menée en France démontrait en 2017 que les personnes handicapées ne sont pas nécessairement au centre de la recherche les concernant (Thompson 2017, 241‑42).

Afin de mieux mesurer la quasi-absence de programmes francophones en études sur le handicap, je propose de mettre de côté les causes du retard du développement de ce domaine d’études en français et d’effectuer une brève analyse statistique. En 2021, le Canada comptait un total de 97 universités publiques (Collège des consultants en immigration et citoyenneté 2021). De ce nombre, 74 universités sont anglophones, 18 sont francophones et 5 dispensent des cours dans les deux langues officielles. Le tableau 1 ci-dessous présente une vue d’ensemble des cours, certificats, diplômes, ou programmes offerts en anglais en lien avec les disability studies. Sur les 10 provinces canadiennes, 3 territoires-provinces et 1 territoire, 8 provinces abritent des universités dispensant de tels cours ou programmes, ainsi que le territoire du Yukon. On compte donc un total de 33 universités publiques anglophones contribuant à la formation de la relève académique en disability studies, ce qui inclut les 10 universités suivantes offrant un programme spécifique soit des baccalauréats (mineure et/ou majeure) ou de maîtrise dans ce domaine: University of Calgary, University of Northern British Columbia, University of Manitoba, University of Winnipeg, Brock University, Carleton University, Toronto Metropolitean University (formerly Ryerson), University of Windsor, Wilfrid Laurier University, York University.

Tableau 1

Universités publiques canadiennes dispensant des cours et/ou programmes en lien avec le champ d’études des disability studies en anglais*

Alberta 1. Athabasca University Cours (BAC) : Injury Compensation and Disability Management (HRMT 323)
Cours (MA) : Doing Disability Differently (MAIS 658)
2. MacEwan University Certificat : Special Needs Educational Assistant
Certificat : Disability Management in the Workplace (suspended)
Diplôme : Disability Studies – Leadership and Community (suspended)
3. University of Alberta Cours (BAC) : Critical Disability Studies (WGS 244)
4. University of Calgary Programme (BAC) : Community Rehabilitation and Disability Studies Minor
British Columbia 5. Thomspon Rivers University Cours (BAC) : Introduction to Disability Studies (SOCW 4780)
6. University of Victoria Cours (BAC) : Introduction to Disability Studies (DSST 440)
Advocacy for Ageing and Disability in Canadian Society (HLTH 405)
7. University of Northern British Columbia Programme (MA) : Disability Management
8. Vancouver Island University Diplôme : Leadership and Disability Studies diploma
Manitoba 9. Brandon University Cours (BAC) : Advanced Disability Studies in Education (04:749)
10. University of Manitoba Programme (MA, MSc) : Disability Studies
11. University of Winnepeg Programme (BAC) : Disability Studies
New Brunswick 12. St. Thomas University Cours (BAC) : Disability in History (HIST 3053 A)
Nova Scotia 13. Acadia University Cours (BAC) : Disability Studies in Education (EDUC 50H3 SU01)
14. Dalhousie University Certificat : Disability Management Program
Ontario 15. Brock University Programmes (DESS et MA) : Applied Disability Studies
16. Carleton University Programmes (BAC) : Disability Studies Minor
17. McMaster University Cours (BAC) : Social Work, Disability and Dis/Ableism (SOC WORK 3S03), Perspectives on Disability, Chronic Illness and Aging (HLTH AGE 3D03)
18. Queen's University Programme d’étude à l’étranger (BAC) : Interdisciplinary Studies in Global Health and Disability
Cours (BAC) : Disability Studies (SOCY 936)
Certificat : Disability and Physical Activity
19. Toronto Metropolitan University (Ryerson) Programme (BAC) : Disability Studies
20. University of Guelph Certificat : Disability Management
21. Ontario Tech University Diplôme (DESS) : Work Disability Prevention
22. University of Ottawa Cours : Feminist Disability Studies (FEM 6106)
23. University of Toronto Cours : Introduction to Interdisciplinary Disability Studies (HLTB60H3), Global Disability Studies (HLTC20H3), Advanced Rehabilitation Sciences: Disability Studies and Lived Experiences of ‘Normalcy’
24. University of Waterloo Cours (BAC) : Disability and Society (SDS 288R), Developmental Disabilities and the Family (SOCWK 365R),
25. University of Western Ontario Programmes (BAC) offerts à travers King’s University College affilié à Western University : Disability Studies Minor, Disability Studies Major
26. University of Windsor Programme (BAC) : Disability Studies Minor, Honours BA in Disability Studies, Learning Disabilities (PSYCH 312R)
27. Wilfred Laurier University Cours (BAC) : Critical Disability Studies (HS219), An Analysis of Disability, Beyond Normality and Abnormality (SY339)
28. York University Programmes (MA et PhD) : Critical Disability Studies
Quebec 29. Concordia University Cours (BAC) : Therapeutic Recreation and Physical Disabilities (AHSC 383), Therapeutic Recreation: Cognitive Disabilities and Illness (AHSC 384)
30. McGill University Cours (BAC) : Disability, Technology and Communication (COMS 411), Gender and Disability (GSFS 303), Critical Disability Studies (SWRK 510)
Quebec 31. University of Regina Cours (BAC) : International Perspectives on Intellectual Disability and Inclusive Education (EPSY 332AD), Social Construction of Disability (KIN 241 and SRS 241), Physical Disability and Well Being (KIN 341), Developmental Disability and Well Being (KIN 342), Social Work and Disability Issues (SW 479)
32. University of Saskatchewan Cours (BAC) : Disability Discourses and Social Practices (PSY 423.3)
Yukon 33. Yukon University Cours (BAC) : Social Work and Disability Issues (SW 479), Working with Difference & Diversity (EPSY 400)
* En date de mai 2022.


Cette étude de l’offre des cours et des programmes anglophones m’a rapidement permis de constater que la situation est tout autre du côté francophone. Le tableau 2 comprend la liste détaillée des 18 universités offrant des cours en lien avec les études sur le handicap en français au Canada, toutes situées au Québec sauf dans le cas de l’Université St-Paul à Ottawa. De ce nombre, seule l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) offre un programme court de maîtrise sur le handicap et la sourditude. En d’autres mots, cela signifie que 34 universités anglophones proposent des cours ou des programmes en lien avec les disability studies, et 8 universités en français.[11] En ce qui à trait spécifiquement à l’offre de programmes, l’analyse suivante démontre que sur 97 universités publiques au Canada, 7 établissements dispensent un programme (baccalauréat, DESS ou Maîtrise) relatif aux disability studies en anglais versus seulement un programme francophone en études sur la sourditude (Deaf Studies) créé en 2020. Or, si ce dernier comprend un cours d’introduction aux études sur le handicap (FCM7701 – Handicap et sourditude : stratégies de communication, de recherche et d’action), il reste néanmoins que ce programme s’adresse à des gens qui travaillent avec des personnes handicapées. Il n’a donc pas pour but premier d’approfondir la connaissance dans le domaine des études sur le handicap. Par ailleurs, la majorité des cours en lien avec les études sur le handicap dispensés dans huit des neuf établissements universitaires francophones ci-dessous promeuvent une approche pratique plutôt que théorique et critique. En effet, les programmes et cours répertoriés dans le Tableau 2 corroborent cette hypothèse : les cours ou programmes proposés visent à former des professionnels qui seront amenés à enseigner, soigner ou administrer des personnes handicapées. Par exemple, bien qu’ancré dans la pratique, le cours « Intervention auprès des élèves ayant un handicap », offert à l’Université du Québec en Outaouais, s’adresse aux futur.es enseignant.es en adaptation scolaire. L’objectif étant donc de leur fournir les outils et connaissances requises pour mener des évaluations et interventions adaptées ou rééducatives auprès d’élèves en situation de handicap. Bien que de tels cours pratiques demeurent essentiels, on peut avancer qu’ils sont peu propices à l’analyse critique du capacitisme ainsi qu’à la remise en question des stéréotypes négatifs liés au handicap à travers une analyse multifactorielle (historique, théorique, sociale, culturelle, éthique et politique).

Tableau 2

Universités publiques canadiennes dispensant des cours et/ou des programmes relatifs aux études sur le handicap en français*

Quebec 1. Université de Montréal Programme (MA) : Orthopédagogie – élèves handicapés (Programme court)
Cours (BAC) : Handicap visuel – Approche multidisciplinaire (OPM 6006), Handicaps sensoriels et apprentissage (DID 6485)
2. Université de Sherbrooke Cours (BAC) : Situations de handicap et travail social (SES387)
3. Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) Cours (BAC) : Connaissance et intégration des élèves handicapés et en difficulté (SCE20017), Les capacités en déficiences physiques (SCL1407)
4. Université du Québec en Outaouais (UQO) Cours (BAC) : Interventions auprès des élèves ayant un handicap (EFI2273)
5. Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Cours (BAC) : Enseignement aux élèves en situation de handicap (3EDH123)
6. Université du Québec à Montréal (UQÀM) Programmes (MA) : Handicap et sourditude : droits et citoyenneté (Programme court et concentration de deuxième cycle), Droits, citoyenneté et handicap : stratégie d’émancipation (école d’été)
7. Université du Québec à Rimouski (UQAR) Cours (BAC) : Handicap, difficulté d’apprentissage et d’adaptation en formation professionnelle (FEP31018), Élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage au préscolaire et au primaire (PPE20516), Connaissance et éducation inclusive des élèves handicapés et en difficulté (SCE20022)
8. Université Laval Cours (BAC) : Pratiques collaboratives dans le champ du handicap (FIS-405/FIS-6105), Handicap, sociétés et organisations (MNG-6176), Aspects psychologiques et sociaux : le handicap (PSY-2900), Handicap, travail et emploi (RLT-7041)
Ontario 9. Université St-Paul Cours (BAC) : Accessibilité et capacitisme (INS3514)
* En date de mai 2022.


Cette différence entre la formation académique anglophone et celle dispensée en français peut aussi être une conséquence d’une plus grande valorisation accordée aux sciences pures (STEM)[12]. Au Québec, le fait que l’accent soit mis sur les besoins du marché du travail se traduit inévitablement par la dévalorisation des sciences sociales au profit des STEM (Bouchard 2022). Mais cette différence au niveau de l’offre des cours pourrait aussi être expliquée par la préséance de la langue anglaise. Les conséquences d’un tel biais sont que la majorité des cours et programmes en anglais forment inévitablement des théoricien.nes et chercheur.es s’exprimant majoritairement dans cette langue. Ce faisant, ces derniers contribuent à perpétuer ce biais linguistique : leurs articles et les concepts développés seront souvent rédigés en anglais. Cela m’amène à poser la question suivante : comment les jeunes chercheur.es francophones peuvent-elles.ils faire pour enseigner dans ce domaine dans leur langue maternelle ? La différence d’offres de cours et programmes entre les universités canadiennes anglophones et francophones ne pourrait-elle pas aussi s’expliquer par les politiques internes de ces dernières sur la place de l’anglais dans l’enseignement ? L’UQÀM indique, par exemple, sur son site internet que la « connaissance de l’anglais n’est pas obligatoire pour un projet d’études au 1er cycle universitaire, bien que vous aurez à lire occasionnellement des textes en anglais » (UQÀM 2022). Cette exigence change cependant aux 2e et 3e cycles pour lesquels la maîtrise de l’anglais s’avère requise en raison de l’abondance de la littérature scientifique en anglais. Par conséquent, cela présuppose que les universités francophones ne peuvent pas offrir un programme de baccalauréat si la majorité des lectures sont exclusivement disponibles en anglais.

Conclusion : le handicap, une expérience culturelle, politique, mais d’abord et avant tout très personnelle

Devant une telle constatation, il importe de se demander quel est le manque à combler par le développement des programmes sur les études du handicap en français. Autrement dit, qui pourrait bénéficier de ces cours et de ces programmes d’études ? Je peux pour ma part affirmer que le fait d’assister à trois cours en disability studies m’aura dotée d’un cadre théorique en plus de m’avoir conscientisée aux différentes formes d’oppression et de capacitisme. Plus concrètement, cela m’a permis d’augmenter mes capacités d’analyse critique face aux injustices vécues par la communauté handicapée. Je pense ici notamment aux représentations erronées de personnages handicapés dans les médias, qui sont souvent joués par des acteurs non handicapés, ainsi qu’aux représentations stéréotypées (et hautement problématiques) du personnage handicapé comme vilain ou encore comme un superhéros (Grue 2015). Forte de cette expérience, je soutiens que de telles connaissances peuvent être utiles à tout le monde, quel que soit leur champ d’études ou leur programme. Au-delà de son apport potentiel pour la société au sens général, le vocabulaire, les concepts et notions, ainsi que le cadre théorique développés grâce aux disability studies peut bénéficier aux personnes handicapées qui peuvent alors l’utiliser pour revendiquer leurs droits et provoquer une subversion institutionnelle, culturelle et sociale. Dans ce contexte, les questions de la subversion et du langage deviennent autant de moyens de se réapproprier une histoire et une identité. Pour ces raison, l’enseignement des études sur le handicap peut être utile aux personnes handicapées tout comme à celles qui ne le sont pas.

Pourquoi ne pas s’entendre sur le terme « capacitisme » et de l’utiliser comme point de départ au développement d’un réseau d’expert.es francophones en études sur le handicap en contexte linguistique minoritaire au Canada ? On doit également se demander si le développement des programmes universitaires francophones dans ce champ d’études doit attendre la traduction d’un grand nombre d’articles anglophones sur le sujet avant de voir le jour. Supposant que cela soit le cas, ne devrait-on pas plutôt voir le développement de tels programmes comme une occasion de bâtir notre propre cadre théorique canadien en français ? À mon sens, l’élaboration de tels programmes permettrait de former une relève académique de jeunes penseurs francophones. Ces derniers pourront ensuite contribuer à faire avancer le volet francophone des études sur le handicap. Au même titre qu’il est impossible de décrire un système d’oppression lorsqu’on ne possède pas un vocabulaire à cet effet, il s’avère tout aussi difficile de développer un intérêt pour un champ d’études s’il n’existe pas dans notre langue et si on n’en a jamais entendu parler.

Endnotes

  1. En 2017, le CJDS a publié un article de Laurence Parent intitulé « Ableism/disablism, on dit ça comment en français ? ». Dans ce texte, Laurence fait état du retard de la littérature et des études francophones québécoise et canadienne sur le handicap et souligne l’importance de développer un « isme » propre à notre langue et culture.
  2. En 2017 également, le CJDS a publié « Docteur, suis-je un anglophone enfermé dans un corps de francophone? », un article écrit par Alexandre Baril et dans lequel l’auteur dénonce le fait que la langue anglaise est très souvent imposée lors de congrès universitaires. Dans sa thèse « La normativité corporelle sous le bistouri : (re)penser l’intersectionnalité et les solidarités entre les études féministes, trans et sur le handicap à travers la transsexualité et la transcapacité » (2013), Baril avait d’ailleurs proposé un glossaire pour les études sur la production du (trans)handicap. Déjà en 2013, Baril mentionnait la difficulté de trouver des termes à utiliser dans ce champ d’études, tout particulièrement en raison d’un manque de consensus dans la communauté handicapée et de la nature personnelle du handicap.
  3. Je tiens à préciser que je ne possède aucune formation en traduction, ni en linguistique ou terminologie.
  4. Personnes autochtone, noires et de couleur.
  5. C’est aussi en raison des politiques anti-discriminations libérales anglo-saxonnes telles que la loi anti-discrimination en Angleterre en 1995 et les lois de droits civiques aux États-Unis./a>
  6. À noter que des approches foucaldiennes et deleuziennes apparaissent timidement et tout récemment dans les études du handicap en français dans les écrits de Yan Grenier, Loïc Andrien, Coralie Sarrazin et Patrick Fougeyrollas (2021).
  7. Il est important de clarifier que le contexte anglo-saxon n’a pas le monopole de la critique dans le champ du handicap et que plusieurs auteurs et autrices francophones du Québec et de la France se sont penchés sur ces questions concernant la reconnaissance de l’environnement dans les modèles du handicap.
  8. ALTER – European Journal of Disability Research
  9. Il s’agit d’une traduction libre. Le nom anglais de la revue est Canadian Journal of Disability Studies
  10. Canadian Disability Studies Association (CDSA)
  11. Selon ces données, la proportion serait donc la même. Cela change cependant lorsque l’on s’attarde à la nature même des cours en question tel qu’expliqué à la suite du tableau 2.
  12. Ces dernières comprennent les sciences, la technologie, l’ingénierie ainsi que les mathématiques et sont rassemblées sous l’acronyme STEM.

Références