Intériorisation du handicap : si je parle de mon handicap, vais-je exister à tes yeux?

Résumé

Dans cette recherche, j’adopte une approche autoethnographique afin de centrer ma propre voix mad et handicapée. Je réfléchis aux défis personnels et aux compréhensions qui ont émergé lors de mon initiation à la sociologie médicale au premier cycle, puis au fil de mon engagement dans des études supérieures en études critiques du handicap. Bien que ma première tentative d’obtention d’un baccalauréat ait été interrompue par le handicap il y a vingt ans, je ne m’étais jamais réellement interrogée sur ce que signifiait être handicapée, ni sur la manière dont cela influencerait l’achèvement de mes diplômes. Mon retour à l’université a toutefois été marqué par la nécessité de rassurer autrui quant au fait que mes handicaps étaient suffisamment « résolus » pour que je mérite simplement l’opportunité d’apprendre. Le handicap – le mien, celui de mes proches, celui des autres – est ainsi demeuré une dynamique centrale tout au long de mon parcours éducatif. À travers une exploration de la sociologie médicale, des modèles dépassés du handicap, des études sur le handicap et des théories critiques du handicap, je m’interroge sur les implications personnelles, éducatives, pédagogiques et de recherche que ces domaines ont eues pour moi, en tant que chercheuse mad et handicapée. À mesure que je découvrais ces champs, ma compréhension de moi-même, de mes proches et de mes interactions avec les professionnelles et professionnels de la santé s’est transformée. Face à l’émergence de nouveaux handicaps, mes trajectoires personnelle et académique se sont entremêlées, alors que je militais pour être reconnue comme compétente, mais avec des limites. J’examine enfin la portée éducative et historique de la sociologie médicale et des modèles dépassés du handicap pour les chercheuses et chercheurs en études critiques du handicap, en proposant une perspective mad et handicapée sur l’étude de la sociologie et des études critiques du handicap.